Interview de Julien Dubuis dans le Confédéré

C'est autour de la table du Conseil que se construit la qualité de vie d'une commune

Moins d’un an après les élections communales, les citoyens de Savièse sont appelés à élire un nouveau président. En cause, la démission de Sylvain Dumoulin, qui a pris la direction du Service de la mobilité du Canton du Valais dès le 1er août. Cette élection complémentaire, fixée au 24 août prochain, opposera deux personnalités bien connues de la vie communale: Marie Zuchuat (Le Centre) et Julien Dubuis (PLR). Conseiller communal depuis janvier et en charge du dicastère santé, social et jeunesse. Le professeur de biologie au collège de la Planta s’appuie sur un riche parcours au Grand Conseil et un engagement auprès de plusieurs associations cantonales, notamment à la tête de Pro Senectute Valais-Wallis et de l’association proches aidants valais. À 40 ans, il se dit prêt à mettre son expérience et son réseau au service de sa commune. Il répond aux questions du Confédéré.

Julien Dubuis, vous vous lancez dans une élection présidentielle communale. Qu’est-ce qui vous motive ?

Ce qui me motive, c’est la volonté de servir. Depuis janvier, j’ai le plaisir d’être conseiller communal, en charge du dicastère santé, social et jeunesse. Ces premiers mois m’ont conforté dans l’idée que je voulais continuer à m’engager pour notre commune. J’ai vu concrètement ce que représente cette fonction: de l’écoute, de l’engagement, et la capacité à trouver des solutions à des problèmes concrets du quotidien. J’ai rencontré des habitantes et des habitants, entendu leurs attentes, leurs idées, parfois leurs doutes. Et je me suis dit que je pouvais aller plus loin. Mettre à disposition mon expérience cantonale, mon réseau, mes compétences, pour présider cette commune que j’aime profondément.

Vous évoquez votre expérience cantonale. En quoi est-elle utile pour un président de commune ?

Aujourd’hui, une commune ne peut plus se gérer sans une compréhension profonde du fonctionnement du système cantonal: ses services, ses lois, ses processus. Tout est imbriqué. Et c’est encore plus vrai pour une grande commune comme Savièse. Les décisions prises à Sion peuvent avoir rapidement des répercussions chez nous. Il faut donc des liens solides et une connaissance approfondie du fonctionnement cantonal.

Pendant douze ans, j’ai siégé au Grand Conseil. J’ai été membre de la commission de l’éducation et des finances et j’ai présidé la commission de la santé, des affaires sociales et de l’intégration ainsi que la commission de gestion. J’ai été rapporteur de loi sur l’enseignement primaire et président de la commission qui a traité de l’accompagnement en fin de vie et de la réforme de la loi sur la santé. Ces expériences m’ont donné une vision claire des enjeux et une solide culture institutionnelle.

Et puis, j’ai tissé un réseau utile avec les services de l’État, les parlementaires, les milieux associatifs et économiques. Ce sont des contacts concrets, qui peuvent faire la différence quand une commune veut faire avancer un projet, obtenir un appui ou débloquer un dossier.

Aujourd’hui, une commune ne peut plus fonctionner en autarcie, en faisant abstraction du district ou de la région. Il faut travailler en lien avec les autres échelons, pour être plus efficace et mieux entendu.

Comment vivez-vous votre passage du niveau cantonal au terrain communal ?

Très positivement. C’est stimulant d’être à nouveau en contact direct avec la population. Ce qu’on décide a un effet concret, visible, souvent immédiat. Cela demande du pragmatisme, de la réactivité, mais aussi beaucoup d’écoute — une qualité que je m’efforce de cultiver.

Dans l’absolu, la transition s’est faite assez facilement. Mon expérience au Grand Conseil m’a donné de bons réflexes pour comprendre les mécanismes politiques, gérer les dossiers et travailler en équipe. J’ai aussi trouvé une belle dynamique au sein du Conseil communal. L’ambiance est constructive, et j’ai été très bien accueilli. Ça m’a permis de vite prendre mes marques, notamment sur les dossiers liés aux aînés, à la jeunesse, à la cohésion sociale, des domaines où l’on peut vraiment faire bouger les choses au niveau local.

Entrons dans le coeur de votre programme. Vous dites vouloir une commune qui agit pour toutes les générations, soutient son économie locale, facilite les déplacements de chacun et cultive à la fois la solidarité et l’attachement auxtraditions. Pouvez-vous nous détailler ces priorités ?

Bien sûr. Tout cela, ce ne sont pas des promesses en l’air, ce sont des engagements que j’ai déjà commencés à mettre en oeuvre. Dès mon arrivée à l’exécutif, nous avons validé la politique 60+ et lancé un plan d’action concret. En parallèle, nous avons finalisé la politique jeunesse, avec un objectif fort: obtenir le label «Commune Amie des Enfants» de l’UNICEF. Pour moi, le lien entre générations est une richesse qu’il faut entretenir et cultiver.

Sur le plan économique, je veux continuer à valoriser nos artisans, commerçants, vignerons, restaurateurs, agriculteurs et indépendants, autrement dit ceux qui font vivre la commune. Il faut leur offrir un cadre clair et dynamique, renforcer les synergies et encourager des activités compatibles avec notre tissu local.

La mobilité, c’est un levier essentiel: pour l’emploi, pour la population, pour le confort de vie. On doit améliorer l’offre de transports publics, et aussi développer les aménagements pour la mobilité douce.

Et enfin, je tiens profondément à ce qui fait l’âme de Savièse: ses sociétés locales, ses fêtes, son tissu associatif. Je veux qu’on continue à les soutenir.

Vous êtes président de Pro SenectuteValais-Wallis. Cet engagement influence-t-il votre regard sur lacommune ?

Énormément. Cela m’a permis d’approfondir ma connaissance des enjeux du vieillissement de la population.

Je suis absolument convaincu que c’est aux communes de s’occuper de leurs aînés. Il ne s’agit pas seulement d’assistance, mais de lien, de dignité, de qualité de vie. Les communes doivent être actives pour permettre aux personnes âgées de rester chez elles, dans leur environnement, dans leur commune.

On doit éviter que l’accompagnement des aînés ne devienne trop impersonnel, trop éloigné, trop cantonal. C’est un rôle très local, qui touche à l’humain, et les décisions doivent être prises au plus près des gens.

À Savièse, je veux qu’on assume pleinement cette responsabilité, avec des solutions concrètes pour favoriser le maintien à domicile et renforcer le lien intergénérationnel.

Le Conseil municipal a lancé en début d’année un programme de législature ambitieux, axé sur la durabilité, la cohésion et le dynamisme local. Si vous êtes élu président huit mois après ce lancement, comment entendez-vous vous inscrire dans cette continuité tout en apportant votre propre vision ?

Ce programme, je l’ai construit avec mes collègues, je l’ai soutenu, et je m’y reconnais complètement. Il fixe des priorités claires pour notre commune, et je n’ai pas l’intention de les remettre en question.

Si je suis élu président, ce sera pour accompagner ce programme et faciliter sa mise en oeuvre. Je ne viens pas avec une autre feuille de route. Le rôle de président, c’est d’impulser et de faire en sorte que les projets aboutissent. C’est dans cette logique-là que je veux m’inscrire.

Le président sortant est issu du Centre, vous êtes candidat sous les couleurs du PLR. Qu’est-ce qui vous distingue ?

L’étiquette politique est une chose, mais ce qui compte vraiment dans une commune, c’est l’expérience et la capacité à comprendre l’ensemble des problématiques: sociales, économiques, territoriales, institutionnelles.

Les élus PLR ont toujours su faire preuve du sens des responsabilités, avec une gestion sérieuse, durable et au service du bien commun. Je souhaite être le président de toutes les générations et de toutes les saviésannes et de tous les saviésans.

Le rôle d’un président, c’est aussi de bien connaître sa commune: ses rouages, sa population, ses attentes, ses sensibilités. Le Conseil municipal est composé de membres issus de différents partis, chacun avec ses propres dicastères. Le président doit faire en sorte que tout cela fonctionne et que les projets avancent dans un esprit de cohérence et d’efficacité.

Le PS appelle à voter pour un candidat qui refuse le populisme fiscal, défend le vivre-ensemble et soutient une politique sociale ambitieuse. Votre candidature est-elle compatible avec ces priorités ?

Oui, tout à fait. Je partage pleinement ces priorités, même si je viens d’un autre parti.

Sur le plan fiscal, ma ligne est claire: pas de promesses irréalistes. La commune a besoin de stabilité pour investir sereinement dans les infrastructures et les services. Aujourd’hui, Savièse bénéficie d’un excédent de revenus, d’une faible dette nette et d’une marge d’autofinancement solide. Cette gestion responsable nous permet de maintenir une vraie capacité d’action, sans mettre en péril nos finances ni alourdir la charge des générations futures.

Le vivre-ensemble, c’est le coeur de mon engagement. Le domaine social m’a toujours passionné, ce n’est d’ailleurs pas un hasard si je suis aujourd’hui à la tête du dicastère santé, social et jeunesse.

Je suis aussi très engagé dans ce domaine à l’échelle cantonale, en tant que président de l’Association des proches aidants Valais. J’y travaille à faire connaître les prestations existantes, à soutenir celles et ceux qui accompagnent un proche dans l’ombre, souvent avec peu de reconnaissance mais un engagement admirable.

L’UDC Savièse vous soutient pour cette élection, en saluant votre vision “claire, respectueuse des institutions, proche du terrain et ouverte à la collaboration”. Que répondez-vous à ce soutien ?

Je trouve que la démarche de l’UDC, qui a consisté à rencontrer les deux candidats avant de se prononcer, est une bonne chose. Cela permet le dialogue, la clarté et le respect mutuel, des valeurs importantes en politique locale.

J’ai eu un échange franc avec leurs représentants, et je prends leur soutien comme un signe de confiance dans mon parcours et dans ma manièred’aborder la fonction.

N’y a-t-il pas un risque de devoir quelque chose en retour ?

L’UDC de Savièse me connaît très bien, et elle sait que je ne fonctionne pas comme ça. Il n’y a eu aucune discussion de ce genre, aucun accord, rien.

Il ne faut pas toujours regarder la politique sous un angle biaisé. Recevoir un soutien ne veut pas dire qu’on doit quelque chose en retour. Et je me réjouis qu’en Suisse, on soit capable de discuter entre partis politiques. C’est ce qui fait la richesse de notre démocratie.

Et in fine, au niveau communal, ce sont les personnalités autour de la table du Conseil qui font la commune.

Pour cette élection, vous êtes en compétition avec Marie Zuchuat. Au soir du 24 août, l’un de vous deux accédera à la présidence, et l’autre continuera à siéger au sein du Conseil communal. Comment abordez-vous cette situation ?

Avec beaucoup de sérénité et de respect. Marie Zuchuat et moi avons des parcours différents, des sensibilités distinctes, mais nous partageons un engagement sincère pour Savièse.

Quel que soit le résultat, nous devrons continuer à travailler ensemble au service de la commune.

Pour ma part, si je suis élu, je mettrai tout en oeuvre pour créer un climat de confiance et de collaboration. Et si je ne suis pas élu, je continuerai à m’engager pleinement dans le Conseil communal, avec la même énergie et le même sérieux.